Autour du silence du forgeron dans Atelier 62 de Martine Sonnet

Abstract

Atelier 62 de Martine Sonnet se construit à partir du silence du père l’autrice, un ancien artisan prolétarisé qui n’a jamais raconté son expérience comme forgeron chez Renault à Billancourt. À travers l’analyse des représentations du travail dans le texte et de son impact sur la vie humaine, cette étude vise à donner des interprétations possibles au silence du forgeron. On démontrera, d’abord, que les différents types de travail s’articulent dans le texte en deux pôles symboliques opposés, l’un lié au silence, à l’intransmis et l’autre lié à la parole, au partage d’expérience, à la transmission. Ensuite, on réfléchira sur ce qui se cache derrière cette opposition, en faisant l’hypothèse que le silence du forgeron peut être expliqué, d’une part, par les traumas physiques et psychologiques subis dans son processus de prolétarisation ; et, d’autre part, par son éloignement de la sphère de la (re)production sociale, imposé par ce même processus. L’interprétation de ces phénomènes sociaux figurés dans le récit sera étayée par les réflexions de théoricien.ne.s marxistes, éco-féministes et de l’éthique du care qui convergent tout.e.s dans la critique à la logique capitaliste et à sa recherche de croissance économique en dépit de la vie humaine.